Déchets plastiques du canal en tournée des cafés à Bruxelles pour dénoncer la pollution plastique

Es-tu assis.e à notre table, ici dans ce café, avec une horloge détraquée suspendue au-dessus de ta tête ? Oui ? C’est que tu fais partie d’une installation artistique de sensibilisation intitulée : « Time’s ticking by very fast and what are we doing about plastic pollution?« 

La table et l’horloge sont fabriquées à partir d’une grande quantité de déchets plastiques repêchés dans le canal de Bruxelles par les participant.e.s à nos activités de kayak et par le Port de Bruxelles. Malgré les six années d’existence de City to Ocean et les bateaux de nettoyage du Port, le canal reste envahi par d’énormes quantités de plastique. Et ce n’est pas mieux ailleurs à Bruxelles : les plaintes et frustrations liées aux déchets s’accumulent, tandis que les solutions tardent à venir – tout comme la formation du gouvernement ou les subsides pour les associations bruxelloises.

La table et l’horloge contiennent des sacs plastiques, des bouchons de bouteilles, des gobelets, des couvercles de plats à emporter et divers emballages, alors qu’il existe déjà de nombreuses solutions permettant d’éviter ces déchets ou de les empêcher de terminer dans la nature. Et pourtant, la situation ne semble pas s’améliorer, bien au contraire. Avec cette installation artistique itinérante, nous voulons attirer l’attention sur la pollution plastique, provoquer des conversations entre les personnes qui s’installent à cette table, et appeler les différents parlements en Belgique à mettre des solutions ambitieuses en place.

Pourquoi les cafés ?

Les cafés sont l’un des derniers endroits où l’on fonctionne encore quasi sans déchets. La bière y est livrée dans des fûts et bouteilles réutilisables, et la plupart des sodas sont également servis dans des bouteilles en verre consignées. Pas de plastique, donc, et pas de jetable. Cela explique-t-il, inconsciemment, pourquoi tant de personnes soucieuses de l’environnement aiment toujours aller au café ? Pour nous, en tout cas, c’est le cas. Cela dit, cette approche sans déchets ne s’applique pas encore aux bouteilles de vin ni aux spiritueux, mais ce n’est, espérons-le, qu’une question de temps. Et pendant que les cafés montrent l’exemple, ce sont justement les bières et les sodas qui posent le problème le plus visible dans l’environnement : 40 % du volume des déchets sauvages en Belgique est constitué de bouteilles en plastique et de canettes. Ce sont aussi ces déchets que les participant.e.s à notre activité de kayak repêchent le plus souvent dans le canal en plein centre de Bruxelles.

La pollution plastique partout, partout, partout

Le plastique s’infiltre depuis des années, sous toutes ses formes, dans l’environnement, notre quotidien et nos corps :

  • Chaque année, 430 millions de tonnes de plastique sont produites dans le monde.
  • Environ deux tiers de ce plastique sont utilisés une seule fois, puis jetés.
  • Plus de 100 000 animaux marins meurent chaque année à cause de la pollution plastique, souvent par étouffement ou blessures internes.
  • Du plastique a été retrouvé dans les fosses océaniques les plus profondes ainsi que sur les plus hauts sommets, y compris le mont Everest.
  • Des microplastiques ont été détectés dans le sang humain, le lait maternel et les placentas.
  • En moyenne, une personne consomme l’équivalent d’une carte bancaire en plastique par semaine (environ 5 grammes) via l’eau, l’air et l’alimentation.
  • Des recherches montrent que les microplastiques peuvent provoquer des dommages cellulaires, des inflammations et potentiellement perturber le système hormonal.
  • Moins de 10 % du plastique mondial est recyclé. Le reste est incinéré, enfoui ou finit dans la nature.
  • Une grande partie du plastique prétendument recyclé est en réalité envoyée dans les pays en développement, souvent sur des décharges illégales.
  • Si nous continuons ainsi, d’ici 2050, il y aura plus de plastique que de poissons dans les océans (en poids).

Et la toute dernière alerte : les microplastiques perturbent la photosynthèse chez les plantes, mettant ainsi en péril la production alimentaire.

Que penses-tu de cela ?

Peux-tu faire quelque chose pour changer la situation ? Les personnes autour de toi peuvent-elles agir ? Peut-être fais-tu déjà quelque chose ?

Cela aide vraiment d’essayer d’acheter le moins possible d’objets ou d’emballages en plastique à usage unique, de ne pas boire dans des bouteilles en plastique mais dans du verre ou dans un gourde, de ne pas utiliser de plastique dans ta cuisine ou ta salle de bain, de ne pas acheter de vêtements synthétiques, de ne rien déposer à côté d’une poubelle débordante, de ne pas te laisser influencer par la publicité, et de ne pas manger de poisson, car la pêche est une très grande source de pollution plastique dans les océans. Cela touche à presque tous les aspects de notre vie quotidienne, et découle de l’omniprésence du plastique et de sa pollution. Est-ce que tu te sens coupable de toutes ces choses à faire pour réduire la pollutions ? 

Jeu injuste

As-tu déjà remarqué que le consommateur est systématiquement pointé du doigt lorsque des entreprises ou certains politiciens prennent la parole dans les médias à propos de la pollution plastique, ou lorsque Mooimakers ou BeWapp lancent, une fois de plus, un appel au nettoyage ? Les producteurs et les supermarchés inondent la société avec des quantités énormes, et sans cesse croissantes, de plastique jetable. Et ils parviennent quand même à réduire le problème à une histoire de « consommateurs qui jettent des déchets plastiques dans la rue ». 

La réalité complète est que le plastique pollue tout au long de son cycle de vie : depuis l’extraction du pétrole, jusqu’aux granulés plastiques (nurdles) qui finissent directement dans la nature pendant la fabrication et le transport, en passant par les microplastiques qui entrent dans nos corps via la consommation de produits emballés dans du plastique (par exemple en buvant de l’eau en bouteille), jusqu’à la collecte des déchets, le recyclage ou l’incinération.

À toutes ces étapes, le plastique se retrouve dans l’environnement, dans nos corps et dans ceux des animaux. Et cela se passe plus souvent de manière invisible: les débordements mensuels des égouts à Bruxelles, par exemple, déversent à chaque fois une bombe de microplastiques dans nos cours d’eau. De plus, un objet plastique qui se retrouve dans la nature a déjà commencé à libérer des particules sous l’effet du soleil, de la pluie et du vent, bien avant qu’il soit ramassé.

Mais dans l’espace public, on ne perçoit que très peu cette réalité. Au contraire, des millions d’euros sont dépensés en publicités (y compris dans la rue) pour des produits emballés dans du plastique. Ce que tu perçois consciemment sur la publicité de Chaudfontaine que tu vois ici, c’est que l’eau est pétillante et fruitée. Mais en même temps, tu reçois un message inconscient : que consommer une boisson dans une bouteille plastique, c’est normal, que ces bouteilles font partie intégrante de notre société, qu’elles représentent la norme actuelle – et qu’il n’y a aucun problème.

Autour de la table : citoyens, entreprises et politiciens

As-tu déjà pris place à notre table, en as-tu entendu parler par d’autres, ou veux-tu tout simplement agir toi aussi contre la pollution plastique ? Alors envoie un message clair au monde de l’entreprise à travers ton comportement d’achat : évite autant que possible le plastique, et surtout celui à usage unique. Ce qu’un PDG d’un grand groupe comprend très bien, mais que les citoyens ignorent souvent, c’est que si suffisamment de personnes s’unissent, elles peuvent complètement bloquer une entreprise ou une industrie simplement en cessant d’acheter un produit.

Es-tu un ou une responsable politique à Bruxelles ou en Belgique et veux-tu aussi contribuer à la solution ? Voici quelques pistes d’action concrètes :

  • instaurer un système de consigne sur les bouteilles en plastique
  • interdire les sacs plastiques et les emballages à emporter en plastique, et les remplacer par des alternatives réutilisables
  • interdire la publicité dans l’espace public pour des produits emballés dans du plastique et les allégations trompeuses sur les produits
  • imposer des quotas de réutilisation aux producteurs et aux supermarchés
  • rendre plus difficile la production de vêtements synthétiques
  • installer une barrière anti-déchets ou un rideau à bulles dans le canal pour empêcher les déchets d’atteindre la mer
  • installer des plinthes le long du canal pour retenir les déchets sur la berge et les empêcher de tomber dans l’eau
  • mettre fin à tous les débordements d’eaux usées
  • et mieux informer la population sur cette problématique

Tu représentes un supermarché ou tu es producteur de plastique à usage unique ? Alors nous t’invitons volontiers à venir t’asseoir avec nous à notre table, faite de déchets plastiques, dans l’un des cafés partenaires. Nous serions heureux d’écouter ta vision de l’avenir, et de te présenter la nôtre.

On se retrouve au café ?

La table et l’horloge visiteront les cafés listés ci-dessous au cours des prochaines semaines. Invite toutes les personnes que tu connais et réfléchissez ensemble autour de la table à votre prochaine action ou à ce que nous pouvons faire ensemble. Convaincs cette ami.e d’aller dans un magasin sans emballages, écris à la table une lettre au supermarché où tu fais tes courses pour demander des produits sans emballage, rassemblez vos agendas à la table pour regarder ensemble un documentaire sur la pollution plastique (un conseil : « Buy now »), incrivez-vous à une sortie en kayak sur le canal de Bruxelles afin de découvrir de près la pollution plastique, impact garanti. Ou viens simplement boire un verre avec la femme ou l’homme de ta vie, c’est aussi parfait. Sois juste prudent.e de ne pas renverser de verres ou de bouteilles, la table oscille légèrement sur ses pieds, tout comme la nature qui supporte de moins en moins que nous la laissions continuer ainsi.

Billie
19 au 26 mai
Sint-katelijnestraat 42, 1000 Brussel

Café Merlo
26 mai au 3 juin
Baksteenkaai 80, 1000 Brussels

Billie
19 au 26 mai
Sint-katelijnestraat 42, 1000 Brussel

Café Merlo
26 mai au 3 juin
Baksteenkaai 80, 1000 Brussels

Winok
3 au 10 juin
Av. Louis Bertrand 48, 1030 Schaerbeek

L’ermitage nanobrasserie
10 au 17 juin
34 Rue de Moscou, 1060 Brussel

Winok
3 au 10 juin
Av. Louis Bertrand 48, 1030 Schaerbeek

L’ermitage nanobrasserie
10 au 17 juin
34 Rue de Moscou, 1060 Brussel

Brussels Beer Project – Bailli
17 au 27 juin
Rue du Bailli 1/A, 1000 Bruxelles

Brussels Beer Project – Bailli
17 au 24 juin
Rue du Bailli 1/A, 1000 Bruxelles